Comme relaté dans l'observation générale sur l'article 31 de la charte africaine des droits et du bien être des enfants de 2017. Qui stipule dans son introduction au chapitre 1 paragraphe 1 que La Charte africaine des droits et du bien-être de l 'enfant (CADBE) prévoit la protection des droits de l'enfant regroupés sous 30 rubriques différentes. Par contre, outre les dispositions reconnaissant l'enfant en tant que titulaires de droits, la Charte, dans sa dernière disposition de fond, reconnaît également que les enfants sont titulaires de responsabilités.

Ainsi, l'article 31 de la Charte stipule que les enfants ont des responsabilités envers la famille, la société, l'État, les autres communautés juridiques reconnues et la communauté internationale dans son ensemble. C'est responsabilités : je cite,

a) d'œuvrer pour la cohésion de sa famille, de respecter ses parents, ses supérieurs et les personnes âgées en toutes les circonstances et les assister en cas de besoin;

b) de servir sa communauté nationale en plaçant ses capacités physiques et intellectuelles à sa disposition;

c) de préserver et de renforcer la solidarité de la société et de la nation;

d) de préserver et de renforcer les valeurs culturelles africaines dans ces rapports avec les autres membres de la société, dans un esprit de tolérance, de dialogue et de consultation, de contribuer au bien-être moral de la société;

e) de préserver et de renforcer l'indépendance nationale et l'intégrité de son pays;

f) de contribuer au mieux de ses capacités, en toutes circonstances et à tous les niveaux, à promouvoir et à réaliser l'unité africaine. [1]

La Charte africaine des droits et du bien être des enfants met ici en évidence aussi bien les responsabilités que les droits de l’enfant. Au regard du contexte africain, l’importance des droits communautaires et collectifs a été relaté dans la charte africaine des droits de l’homme et des peuples, elle souligne le fait que la communauté est un membre de la société au sein de laquelle les individus doivent coexister dans l’harmonie et la compréhension mutuelle. Cela est particulièrement pertinent dans le contexte des droits collectifs où la jouissance de ces derniers n’est possible que par l’accomplissement des devoirs individuels. Les devoirs sont donc des éléments essentiels à la jouissance des droits. En Afrique, l’individu est considéré comme partie intégrante de la communauté, celui-ci  a des devoirs par rapport aux droits des autres membres de la communauté et en tant que tels, envers la communauté dans son ensemble. A mon avis cette disposition ne peut donc pas causer un problème d’interprétation et de compréhension des responsabilités de l’enfant.[2]

Au regard du droit à la participation de l’enfant comme indiqué dans la CDE[3] à son article 12 que nous retrouvons aussi au niveau de la CADBE à son article 7, considérant  aussi l’enfant comme un être à part entière, actif, distinct de l’adulte, qui a ses manières de penser et d’agir, nous osons affirmer que cette disposition se justifie comme l’illustre ces quelques paragraphes provenant d’une thèse du Docteur Elie MULOMBA sur la participation de l’enfant en contexte scolaire à Kananga en République Démocratique du Congo. Dans les chapitres 1 et 4 de sa thèse il a essayé de démontrer que la participation de l’enfant, de l’adolescent dans la vie de chaque jour est un droit, une liberté et une responsabilité. Il s’agira concrètement pour lui dans sa thèse de mettre en exergue les aspects saillants de certains processus de socialisation et du rôle attribué à la participation de différents acteurs de la société. Il a écrit:

En Afrique les devoirs de l’enfant relève du fait de son être et plus précisément du fait que les parents et la communauté sont  ceux qui lui assurent l’existence, la survie et la protection de ses droits. C’est ainsi que malgré son jeune âge, l’enfant dans l’univers traditionnel est lui aussi astreint à des devoirs bien détaillés. Ces devoirs tournent le plus autour de l’obéissance, de la reconnaissance de la place accordée à l’expérience, de la solidarité à travers l’assistance aux personnes âgées, du respect des règles et des interdits, de la participation à la vie et au bien être des membres de la communauté à travers la mise à disposition de ses capacités physiques et intellectuelles…… Au cas ou l’enfant ne s’acquitte pas de ses devoirs, ses droits en société peuvent lui être refusés ou non garantis par la collectivité 

Ce qui à mon avis constitue une limite pour la participation active de l’enfant. Mais dans un autre paragraphe il écrit:

l’enfant dans l’univers traditionnel jouit d’une variété de droits limités dans une certaine mesure par la communauté avec des devoirs énumérés en dépit de son jeune âge. Ce qui pourrait laisser conclure que la conception des droits de l’enfant reste ambiguë et floue. Cette situation confuse n’empêche pas pour autant de relever l’originalité du système traditionnel des droits de l’enfant avec des droits inaliénables et inconditionnels d’une part, et des devoirs inaliénables et inconditionnels d’autre part pour l’enfant » .[4]

En conclusion, je dirais ces quelques lignes du Dr MULOMBA, justifie en quelques sorte la disposition de la CADBE concernant les devoirs de l'enfant et me réconforte dans mon analyse à savoir que les enfants d'Afrique jouirons de leurs droits lorsque leurs misent en œuvre se basera sur leurs contextes, leurs milieux socioculturels et les respects des valeurs traditionnelles.

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